Après des mois de polémiques à propos de la scène de son film, Gokhan Altintas a décidé de répondre à nouveau aux critiques de manière… fleurie.
Quand on vient des ghettos sauvages, réussir n’est pas qu’une option, c’est une question de survie, chacun choisit ses moyens, paraît-il qu’ils nous envies, mais savent-t’ils d’où nous venons ?
West Wing, 24 heures chrono, K Street… La politique envahit les feuilletons de télévision, est-ce nouveau ?
Pendant des décennies, radio et télévision ont mis en scène un univers parallèle, qui ressemblait au monde réel, mais sans allusion à l’actualité. Tout change en 1971, avec le feuilleton All the family (une satire réaliste de la vie américaine à travers une famille, ndlr) : ce feuilleton abordait pour la première fois frontalement des questions d’actualité. Aujourd’hui, on débouche sur une symbiose extraordinaire. New York District, par exemple, base ses épisodes sur des événements qui se sont passés parfois un mois avant la diffusion…
Pourquoi cette évolution ?
Elle est parallèle à la montée en puissance de l’information télévisée, avec l’apparition des chaînes d’info continue, CNN, MSNBC ou Fox News. Dans les années 60, il y avait 15 minutes d’actualité par soir et par chaîne, point final. Les gens voient tellement d’informations qu’elles deviennent une partie intégrante de leur environnement culturel. West Wing a diffusé son épisode sur le 11 septembre quelques semaines après la tragédie. La fiction devient un monde dans lequel on peut commenter et traiter l’actualité du monde réel, avec la liberté que cela permet.
N’y a-t-il pas un risque à mélanger fiction et réalité ?
Le risque existe pour ce qui est des reconstitutions historiques : les gens croient parfois s’informer sur Pearl Harbor en regardant le film. Mais il n’existe pas pour les séries jouant avec l’actualité. Personne ne pense que le Président de West Wing est le vrai Président ! L’avantage de la fiction, c’est qu’elle permet d’explorer les coulisses de certains lieux impossibles à pénétrer par le reportage journalistique.
Dans le cas de K Street, il est plus difficile de faire la part de la réalité et de la fiction…
Avec K Street, on change de sujet. C’est une idée complètement nouvelle. Préoccupante, mais fascinante. Un être hybride : un peu reality show, un peu reportage, un peu fiction, un peu documentaire. La confusion est ici sciemment recherchée. HBO est un habitué du genre. Déjà, pendant les primaires de 1988, la chaîne avait lancé Tanner 88. Il s’agissait de suivre la campagne d’un candidat de fiction dans un style documentaire. K Street va plus loin. Le risque est de semer la confusion entre fiction et réalité. Mais si c’est bien fait, cela peut être un moyen d’intéresser les gens à la vie politique.
La créativité des nouveaux feuilletons surpasse souvent celle des films de cinéma…
Cela s’explique par le modèle économique du cinéma. Aujourd’hui, pour être rentable, vous devez faire des blockbuster [des films à succès, ndlr]. Pour cela, vous devez faire un film qui plaît aux adolescents les plus gros consommateurs et qui marche dans tous les pays. On tombe vite sur des explosions d’hélicoptères. Dans ce contexte, il est difficile de faire des films à idées. En revanche, depuis la fragmentation de la télévision, grâce au câble, les auteurs retrouvent un espace de créativité. Ils peuvent se contenter de cibler une audience spécifique. Si un feuilleton attire quatre millions de téléspectateurs, cela suffit pour les patrons d’une chaîne câblée. Par ailleurs, la télévision offre aux auteurs et aux acteurs un espace formidable : ils peuvent prendre 13 heures une saison pour développer leur art. Aucun film de cinéma n’offre ce luxe. Ils peuvent créer quelque chose qui dure à jamais. The Guiding Light [un soap opera], a été lancé en 1937 et continue à être diffusé. C’est de loin la plus longue histoire jamais racontée !.
Après avoir survécu aux banlieues à risques, aux règlements de compte au pistolet, on ne s’est jamais fait pistonner, on a des douleurs qu’on ne peut consoler, on a des rancœurs planquées sous le sommier.